30/03/2008
"Accepter des actions qui nous coûtent"
Voici quelques coins de l'interview d'Edouard Bard, climatologue et professeur au collège de France, au sujet du réchauffement climatique. Cette intéressante interview a été réalisée par Gilles Toussaint, est parue dans la libre ce 14 février et est visible dans son entièreté sur lalibre.be (http://www.lalibre.be/index.php?view=article&art_id=4...).
L'année 2007 semble avoir marqué un tournant dans la prise de conscience de la réalité du réchauffement. Avez-vous le sentiment que les pouvoirs publics ont pris la pleine mesure des changements qu'ils doivent induire ?
Oui et non. Je pense qu'il n'y a pas à l'heure actuelle un décideur d'un grand pays qui n'ait pas conscience du fait qu'il y a effectivement un problème et qu'il faut s'en occuper. Mais il y a des résistances très fortes, parce que l'on doit à présent faire bouger nos sociétés au niveau des industries, et aussi de nos activités quotidiennes. Et pas avec des mesures cosmétiques. Dès que l'on touche à des gigatonnes de carbone, cela concerne tous nos comportements, nos modes de vie et surtout l'économie de façon très profonde. A cela s'ajoutent des problèmes diplomatiques liés à des pays émergents qui consomment de plus en plus. Il est très difficile de les convaincre d'être vertueux. Pour cela, il faut que nos pays industrialisés se mettent à accepter des mesures qui nous coûtent dans tous les sens du terme. Mais encore une fois, si l'on intègre tous les coûts liés à la pollution résultant de toutes nos activités, on se rend compte que finalement, ce n'est que justice. On ne doit pas fermer les yeux et laisser assumer aux générations futures un problème qui pourrait être monumental.
Pourra-t-on toujours éviter le débat sur une réduction de la consommation tout court, ce qui revient à toucher au dogme de la croissance économique ?
Il faut avant tout arriver à "décarboner" rapidement nos économies. Après, il est effectif qu'il faudra opérer des réductions massives de consommation, mais cela remet en cause nos modes de vie. Il est clair que ce message n'est pas populaire et qu'il est électoralement dévastateur, mais si l'on veut aller vers les réductions de 20 pc en 2020 et davantage au-delà, on sera bien obligé de l'envisager. On n'y coupera pas.
Quand on voit les résultats d'études récentes sur la fonte des glaces notamment, le Giec ne se montre-t-il pas encore trop prudent ?
Paradoxalement, on l'accuse souvent d'être catastrophiste. Or je pense que ce n'est effectivement pas le cas. Sur de nombreux points, il est plutôt prudent et n'a pas inclus des tendances qui sont encore incertaines. Au niveau de la hausse du niveau de la mer, par exemple, il est très clair que la contribution en particulier de la fonte de la calotte du Groenland qui semble apparemment s'accélérer, n'a volontairement pas été prise en compte dans le bilan final du Giec.
Tous les sceptiques n'ont pas encore rendu les armes. Pourtant la plupart de leurs arguments sont pris en compte dans les travaux du Giec. Y a-t-il véritablement une volonté de désinformation ?
La planète sceptique est très variée. Il y a effectivement une classe de gens bien connus qui ont un agenda dicté par des lobbies industriels puissants. Notamment les pétroliers aux Etats-Unis qui ont recruté toute une frange de scientifiques à la marge pour perturber les débats en masquant certaines choses ou en les caricaturant. On peut aussi observer que des mouvements créationnistes américains font partie des lobbies des sceptiques. On a l'impression que cela relève véritablement d'une crise contre la science d'une certaine frange de la population. D'autres aussi, sont sceptiques par ignorance, cela arrive souvent.
(photo JOHANNA DE TESSIÈRES)
18:25 Publié dans au jour le jour-terre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : réchauffement climatique, edouard bard, terre, développement durable, politique
29/03/2008
Le procureur requiert "l'irrecevabilité" de la demande d'euthanasie de Chantal Sébire
La justice avait été saisie mercredi d'une "demande exceptionnelle mais néanmoins légitime" d'euthanasie de la part de Chantal Sébire, mère de famille de 52 ans, défigurée par une maladie orpheline, incurable et évolutive.

Mme Sébire, mère de famille de 52 ans, défigurée par une maladie incurable, a demandé mercredi à la justice le droit d'être euthanasiée par un de ses médecins.
"Le ministère public a requis l'irrecevabilité de la requête en l'état actuel de la loi" (loi sur la fin de vie du 22 avril 2005, ndlr), a déclaré à l'AFP Etienne Daures, procureur général près la cour d'appel de Dijon.
Le jugement a été mis en délibéré au lundi 17 mars.
"C'est une première pour le monde judiciaire, mais nous ne demandons que l'application de la loi, celle du 22 avril 2005 sur les droits des malades, dite loi Léonetti", avait souligné l'avocat mercredi.
"Nous demandons simplement au magistrat de l'autoriser à s'endormir dans l'affection des siens" et de faire ainsi preuve "d'humanité", avait conclu Me Gilles Antonowicz.
Il s'agit d'une maladie très rare, seuls 200 cas ont été recensés dans le monde depuis 20 ans. Elle est par ailleurs incurable et son évolution provoque une déformation spectaculaire et irréversible du visage et des souffrances "atroces", selon Chantal Sébire.
"Ca peut avancer vite mais pour moi ce sera trop tard", avait conclu Chantal Sébire. (avec AFP)
11:55 Publié dans au jour le jour-éthique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : euthanasie
21/03/2008
Jésus appelle-t-il à une révolution politique?
Pas à en croire ce petit article trouvé dans les pages débats de « La Libre » de ce mardi 18 mars et tiré du « Monde des religions ».(1)
« Faut-il une nostalgie de la chrétienté, c'est-à-dire d'une société régentée par la religion chrétienne, comme il existe aujourd'hui des sociétés régentées par la religion musulmane? Nostalgie d'une société sur l'autel de laquelle étaient sacrifiés la liberté individuelle et le droit à la différence de pensée et de religion? [...] Le christ, comme avant lui le Bouddha, et à la différenced'autres fondateurs de religions ne se préoccupe pas d'abord de politique. Il propose une révolution de la conscience individuelle susceptible de conduire, à long terme, à un changement de la conscience collective. C'est parce que les individus seront plus justes, plus conscients, plus vrais, plus aimants, que les sociétés finiront aussi par évoluer. Jésus n'appelle pas à une révolution politique, mais à une conversion personnelle. À une logique fondée sur l'obéissance à la tradition, il oppose une logique de responsabilité individuelle. [...] »
- Extrait de « après le christianisme l'évangile? », éditorial de Frédéric Lenoir dans le « Monde des religions » mars-avril 2008.
16:45 Publié dans au jour le jour-idées | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jésus, politique, cdf